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Un Ballon d’Or controversé

Enfin, nous pouvons passer à autre chose et nous concentrer sur le jeu. Pendant plusieurs semaines, nous avons attendu la remise du Ballon d’Or. Et hier, France football a mis fin au suspens : Modric est le Ballon d’Or 2018, devant Ronaldo et Griezmann. Et comme il fallait s’y attendre, cette récompense a suscité des débats.

  • Modric, Ballon d’Or : mérité ou pas ?

    Modric en 2018 ©CC

Déjà avec Messi et Ronaldo, beaucoup critiquaient le Ballon d’Or. Comme ses deux prédécesseurs, Modric n’a pas dérogé à la règle. Pour s’en convaincre il suffit de lire les commentaires sur les réseaux sociaux. Les détracteurs évoquent notamment ses statistiques, qui sont loin des standards des autres prétendants. Par contre, ses défenseurs soulignent son importance dans le jeu, qui ne peut être évaluée seulement par des chiffres. Quoiqu’il en soit, les journalistes du monde entier ont largement voté pour Modric. Et l’écart le séparant des autres est abyssal.

Par ailleurs, il est difficile de bien comprendre et de définir les critères de désignation du Ballon d’Or. Il semble que le palmarès et les statistiques personnelles du joueur tiennent une place essentielle. Toutefois, il demeure un flou réel autour de ces critères. Les amoureux du ballon rond ont presque toujours l’impression que les choix sont subjectifs. Dans ces conditions, il est aisé de comprendre la frustration de certains, spécialement celle des supporteurs français.

  • Où sont les champions du monde ?

Ils étaient trois à être plébiscités : Varane, Mbappé et Griezmann. Il est à relever que Varane et Griezmann sont aussi champions d’Europe en club. Mais aucun des trois n’a été élu Ballon d’Or. D’où la fameuse question : pourquoi ? Commençons par le premier de notre énumération : Raphaël Varane.

Varane, la muraille

Champion du monde, triple champion d’Europe en titre, Varane n’est que 7ème de ce classement. Un scandale pour beaucoup. Or le véritable problème (ce qui normalement ne devrait pas être un problème) de Varane est qu’il est défenseur. Or, depuis des lustres, le Ballon d’Or est quasiment la chasse gardée des joueurs offensifs. Le dernier défenseur à l’avoir remporté était Cannavaro en 2006 et cela avait soulevé de nombreuses contestations. Et puis, n’en déplaise à certains, Varane Ballon d’Or ce n’est pas vraiment très glamour ou excitant.

Mbappé, le génie

Maintenant intéressons-nous à Kylian Mbappé. Déjà, il était prévisible, malgré son talent, que Mbappé ne gagnerait pas le Ballon d’Or. En créant le trophée Kopa pour récompenser le meilleur joueur de moins de 21 ans, France Football semblait préparer un titre pour le génie français. Et franchement, la possibilité de le voir soulever les deux trophées était plus que mince. Mbappé est encore très jeune et il a le temps pour gagner le Ballon d’Or. Toutefois restons prudents, car le talent seul ne suffit pas.

Grizou, le boss

Enfin le dernier est Antoine Griezmann. Sûrement celui qui avait le plus de chance de remporter le Ballon d’Or. D’ailleurs, il a fini sur le podium. Les complications pour Griezman commencent avec sa coupe du monde. Attendu comme le leader de l’attaque tricolore, le joueur de l’Atletico de Madrid n’avait pas vraiment convaincu. Cependant, le plus grand malaise fut sa communication après la Russie. Loin de nous l’idée de lui reprocher son désir d’être le meilleur joueur du monde. Néanmoins ses sorties ont grandement fragilisé sa candidature. En fin de compte, est-il vraiment à la même table que Messi et Ronaldo ?

  • Messi et Ronaldo… dix ans de règne sans partage

Qu’en est-il de ces deux monstres sacrés du football ? Tout d’abord, il ne faut surtout pas penser que s’en est fini de Messi et Ronaldo. Modric, malgré son talent et avec tout le respect qui lui est dû, n’aurait probablement pas gagné le Ballon d’Or sans la coupe du monde. En outre, les statistiques de l’Argentin et du Portugais sont nettement supérieures à celles des autres joueurs. Bien plus que des chiffres, leur influence sur les résultats de leurs équipes respectives (un peu moins en équipe nationale) reste notable. Il ne faut surtout pas les enterrer. Messi et Ronaldo se feront encore des podiums du Ballon d’Or.

  • Le Ballon d’Or d’Ada Hegerberg : un pas important dans l’histoire du football

    Ada Hegerberg ©CC

Ada Hegerberg était peut-être la personne la plus heureuse de cette soirée de gala. Peu connue et victime sans doute du peu d’intérêt du public pour le football féminin, la lauréate du Ballon d’Or féminin est entrée dans l’histoire du football. En étant la première femme à être récompensée, elle ouvre la porte à d’autres femmes. Le football féminin, comme le sport féminin en général, n’est pas très plébiscité. Ce Ballon d’Or ne va pas tout résoudre, c’est sûr. Mais il est déjà un pas significatif pour toutes les femmes et pour toute l’humanité.

Il y a encore beaucoup à dire sur cette cérémonie du Ballon d’Or. Et pendant plusieurs semaines, nous aurons encore à en débattre. Mais comme toujours, le jeu et le terrain finiront par reprendre leur droit.

 


La RCA, ce pays connu pour des mauvais raisons

Une drôle d’histoire d’amour avec la RCA

Il y a quelques années, une jeune suédoise était en mission en RCA pour quelques semaines. Tombée « amoureuse » de la République Centrafricaine, elle expliquait qu’elle s’était intéressée à ce pays à l’époque de ses études universitaires. En consultant la carte de l’Afrique, elle s’était rendue compte qu’il existait un pays dont elle n’entendait jamais parler : le pays de Barthélémy Boganda. Elle confiera par la suite qu’elle avait même eu à présenter un travail de recherche sur cette nation. Vous pouvez donc vous imaginez quelle était sa joie de finalement fouler le sol de la RCA.

Des références peu joyeuses

Comme beaucoup, vous ne connaissez que très peu la RCA, voire même pas du tout. Des nombreux centrafricains ont toujours eu du mal à présenter leur pays. Il y a encore quelques années de cela, pour les plus anciens, la référence était l’empereur Bokassa. Ce chef d’état, fantasque et mégalomane, avait fait de cette petite nation le premier « empire » africain des temps modernes. Son goût du luxe et son orgueil démesuré avaient fini par ruiner l’état centrafricain. Bref, ne nous attardons pas à ces éléments historiques.

Depuis 2012, la RCA fait encore parler d’elle, malheureusement, comme souvent, sur un plan négatif. Il s’agit du soi-disant conflit entre les chrétiens et les musulmans. Peut-être que vous avez déjà entendu parler de la Seleka et des Anti-Balaka. Une fois de plus, il n’est pas nécessaire de s’étendre en longueur sur les détails.

Un hémicycle transformé en champ de tir

Plus récemment, un autre événement va défrayer la chronique et offrir à ce beau pays une mauvaise publicité. Pour comprendre les événements qui vont suivre, il faut situer le délit dans son contexte. La RCA traverse une crise politique depuis 2013. Et la tenue des élections en 2016 n’a pas, pour autant, mis fin au conflit. Il y a quelques jours de cela, l’ancien président de l’assemblée nationale a été destitué par un vote des députés. Comme il fallait s’y attendre, cette déchéance n’a pas été acceptée par les partisans du président déchu.

C’est donc dans ce climat que les députés se sont retrouvés, le lundi dernier, pour élire un nouveau président au perchoir. Pour des raisons encore mal connues, un individu a ouvert le feu dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Le comble est de constater que ce dernier est l’ « honorable » Alfred Yekatoum. Ce député de la République porte aussi le sobriquet de « Colonel Rhombot ». Fort heureusement, le forcené  a été maîtrisé avant de commettre l’irréparable, même si son acte très « honorable » peut déjà être considéré comme tel.

Un espoir mince

La RCA, connue pour des mauvaises raisons, n’a vraiment pas besoin de ce genre de publicité. Cet acte est d’une gravité sans précédent. Car il est l’expression de la maturité de notre classe politique. Bien plus, par cette agression, le « colonel Rhombot » témoigne de la propension d’un grand nombre des Centrafricains d’utiliser les armes et la force pour parvenir à leurs fins.

Une chose est sûre, le Pays de Zo Kwe Zo (tout être humain est digne de respect), comme l’avait proclamé le président fondateur Boganda, n’est pas un enfer sur terre. Comme le dit un proverbe africain : « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse ». En RCA, plusieurs arbres sont et continuent de tomber, toutefois la forêt continue de pousser, discrètement et sûrement.

 


Quel christianisme pour l’Afrique?

Le week-end dernier, l’une des chaînes canal plus avait diffusé un reportage sur les nouveaux prophètes. Le réalisateur était allé à la rencontre des nouvelles Eglises qui naissent en Afrique et qui enrichissent leurs pasteurs. Sachant que la question de Dieu en Afrique est une réalité très complexe, nous saisissons cette occasion pour nous interroger sur la place et sur l’avenir du Christianisme sur le continent noir.

Des Eglises dynamiques

Avant d’essayer de répondre à cette interrogation, il est important de noter que les Eglises en Afrique sont sans aucun doute les plus dynamiques dans le monde. Récemment, une étude faite par le Vatican annonçait l’augmentation des catholiques dans le monde. Selon cette même source, l’Afrique est le continent qui a le plus de potentiel. Cette étude est éloquente. Mais nous savons tous que nous n’avons pas besoin des chiffres et des statistiques pour voir la vitalité du Christianisme africain. Il suffit des parcourir les quartiers des villes africaines pour voir des Eglises naître tels des champignons. Les églises sont pleines les jours des cultes.

Le christianisme contesté

Cependant, ce dynamisme extérieur ne doit pas nous faire croire que le Christianisme ne rencontre pas des difficultés ou des oppositions sur le continent noir.

  • Dans certains milieux, il est tout simplement rejeté. Cette situation trouve sa source dans le passé lointain, mais encore traumatisant, du peuple noir. Le Christianisme est encore perçu comme étant la religion des esclavagistes et des colonisateurs. En Europe, Karl Max avait assimilé la religion à l’opium du peuple. Cette assertion marxienne a trouvé un bel écho chez toute une catégorie des intellectuels africains. Pour ceux-ci, la mission évangélisatrice avait préparé la colonisation. Bien plus elle y avait même participé. D’où le rejet du Christianisme.
  • Une autre catégorie d’Africains considère la religion chrétienne comme étant la religion des « Blancs » qui ne convient pas du tout à l’africain. Pour éviter de s’aliéner perpétuellement, l’Africain se doit de revenir tout simplement à la religion traditionnelle. Il va y retrouver son âme et par le même fait trouver les ressources nécessaires pour sortir du sous-développement. On voit se créer de plus en plus des sites ou des sessions Facebook prônant la redécouverte des valeurs de l’Egypte pharaonique. Ces nouveaux panafricanistes, s’inscrivant dans l’héritage de Cheik Anta Diop, s’attaquent ouvertement aux religions révélées. Bien plus ils affirment que celles-ci nsont des plagias de la religion égyptienne de l’ère pharaonique.
  • Enfin, le Christianisme, ainsi que toutes les religions du livre, sont la cause des violences dans le monde. Selon les détracteurs de la foi chrétienne, sa prétention à l’universalité l’a poussé dans le passé à chercher à s’imposer par la force. Il y a quelques années de cela, la commission théologique internationale au Vatican avait publié un texte sur les monothéismes et la violence . Les rédacteurs réfutent l’assertion selon laquelle les religions du livre (le Christianisme en particulier) causent la violence dans le monde.

Comme nous l’avons vu ci-haut, les oppositions au Christianisme sont nombreuses. Dès lors, les Chrétiens ne peuvent plus se contenter seulement de prier et de compter le nombre de baptêmes administrés annuellement. Les Eglises sont tenues de répondre aux défis que l’Afrique contemporaine leur lance.

Des défis à relever

  • Le premier défi est celui de l’inculturation. Mieux encore, nous préférons dire le défi de l’africanisation. Il n’est pas seulement question d’avoir des ecclésiastiques africains à la tête des Eglises ; il faut surtout que le langage chrétien prenne en compte la vie même de l’homme noir. Beaucoup pensent le Christianisme comme une religion de blanc. Or, ils oublient que l’Afrique a été un des berceaux du Christianisme. La plus grande école de théologie de l’Antiquité était à Alexandrie. Et des nombreux penseurs de l’Eglise antique sont des Africains : Cyprien de Carthage, Augustin D’Hippone, Clément d’Alexandrie, Athanase d’Alexandrie… Bien plus, la culture biblique est bien plus proche de celle de l’Afrique que de celle de l’Occident. Il est urgent et nécessaire que l’Africain ne se sente plus étranger à lui-même en étant chrétien.
  • Le deuxième défi est celui de la liberté, le combat pour la liberté. Le message évangélique se décline principalement comme étant un message de libération : libération de la mort et du péché principalement. Avec le temps, le Christianisme a bien compris que son message s’attaque à toute forme d’oppression. Et l’Afrique est remplie des forces qui l’oppriment. La dictature, la pauvreté, les violences, les guerres, la famine, les maladies sont autant des réalités face auxquelles les Eglises ne peuvent plus rester muettes et inactives.
  • Le troisième défi est celui de la cohérence entre le dire et le faire. Une phrase du pape Paul VI est devenue célèbre : «les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres ». Si la foi, dans certaines parties du monde, est reléguée dans la sphère privée, en Afrique on juge de la crédibilité de ta croyance en fonction des actes posés dans la société. Gandhi avait affirmé : « Sans doute serai-je chrétien, si les chrétiens l’étaient vingt-quatre heures par jour ». Cette réflexion dit à suffisance la nécessité pour le Christianisme africain d’être cohérent dans sa manière de vivre sa croyance.
  • Enfin le quatrième et dernier est celui de l’intelligence de la foi. Croire, comprendre ce que l’on croit et garde la tête sur les épaules. Bien des fois, nous voyons des chrétiens préférer des séances de prière de guérison plutôt que d’aller à l’hôpital voir un médecin. Nous ne comptons plus ces personnes qui passent des journées à l’église à prier pour obtenir un travail plutôt que de consacrer du temps à la recherche d’un emploi. Tout porte à croire que la foi chrétienne rend paresseux et irréfléchi. Du moins, c’est l’avis de ceux qui sont témoins de tels égarements. Une foi sans raison est comme une bicyclette avec une seule roue : elle est inutile.

Ces quatre défis disent à suffisance le chantier qui est celui du christianisme en Afrique. La liste n’est pas exhaustive. Le Christianisme ne peut plus se reposer sur la « religiosité naturelle » des Africains ; il lui faut faire ses preuves.


Les braquages à Bangui

Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire à Bangui semble s’améliorer. On assiste de moins en moins aux violences intercommunautaires dans la ville. Quoique les autres parties du territoire soient toujours en proie aux troubles, les Banguissois semblent ne plus vraiment se sentir plus vraiment concernés par l’insécurité. Malheureusement , bien mal leur en a pris, car Bangui est encore loin d’être une ville sûre.

Pas plus tard que le mardi dernier, nous avons été, mon colocataire et moi, victimes d’un braquage. Pour être plus exact, c’est mon colocataire qui fut la principale victime. Alors qu’il avait fini sa journée, il était devant le portail et était descendu de sa voiture pour l’ouvrir. C’est à moment-là  que trois personnes à moto l’ont abordé. L’un des agresseurs en tenue militaire a brandi une Kalachinkov en sa direction. Ayant vu cela, ce dernier est revenu se réfugier dans la concession laissant à ses braqueurs sa voiture. Fort heureusement, ces individus mal intentionnés se sont contentés de prendre le véhicule sans l’agresser physiquement.

Ce fait dramatique exprime à suffisance la grande insécurité qui règne à Bangui. Les causes sont multiples. Toutefois l’une des principales reste sans aucun doute la prolifération et la circulation des armes de guerre dans la ville. Le désarmement tant espéré demeure un voeu pieux qui est encore loin d’être effectif. Les autorités nationales et la communauté internationale éprouvent toutes les difficultés du monde à mettre en place une politique efficace de mise en oeuvre du DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion). Et pourtant les « quartiers-poudrières » de Bangui sont connus de tous.

Par ailleurs, on ne peut passer sous silence le fait que l’un des agresseurs portait une tenue militaire. Les forces armées centrafricaines (FACA) sont toujours sous embargo de l’ONU. Loin de moi l’idée de stigmatiser les FACA; cependant, il est dommage de constater que des nombreux cas d’agression dans la ville de Bangui sont commis par des hommes en tenue militaire. Quelle leçon peut-on tirer de ce constat? En tout humilité, j’avoue ne pas avoir de réponses à cette question. Mon rôle est de faire un description de la réalité afin de d’espérer susciter une prise de conscience collective: la route vers la sortie de crise est encore très longue.


Trump Président, « Incredible »

En me couchant le mardi soir, je ne me posais pas trop de question sur l’issue de la présidentielle aux Etats-Unis. Mon esprit avait déjà intégré le fait que la candidate démocrate allait devenir la future Présidente de la « première démocratie » au monde. Au milieu de la nuit, poussé par la curiosité, j’ai allumé ma radio et là, surprise : Trump était en tête et les tendances étaient largement en sa faveur. Finalement, les résultats du matin n’ont fait que confirmer la tendance : Donald Trump sera le 45ème Président des Etats-Unis.

  • Entre étonnement et anxiété

Pendant une année, nous avons vu les Américains se diviser en deux parties : le camp de la politiquement correcte Hillary et celui du populiste Trump. Le déroulement de la campagne donnait un certain avantage à la démocrate. Plusieurs faits ou actes posés par le républicain semblait jouer en sa défaveur. D. Trump est celui qui avait tenu des propos plus que déplacés à l’encontre des musulmans et des hispaniques. Haut et fort, il avait clamé sa sympathie pour le président russe Poutine. Les débats télévisés ont « tous » été remportés par Hillary. Et pour ne rien arranger, une vidéo de Donald Trump avançant des paroles misogynes fut révélée par la presse. Ce qui écorcha encore plus l’image du Républicain. Tous ces éléments ne pouvaient pas laisser présager une victoire de Trump. Pas plus tard que le mardi, les sondages donnaient encore un avantage à Hillary. Mais voilà, le populiste est élu président. Et à la surprise se mêle maintenant la peur.

La crainte est un sentiment plus que normal dans un tel cas de figure. Désormais tout le monde se demande si le nouveau président des Etats-Unis va mettre en exécution ses promesses de de campagnes.  A titre de rappel, j’aimerai citer certaines d’entre elles : poursuivre Hillary Clinton en justice, construire un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, empêcher les musulmans de venir aux Etats-Unis… Vous conviendrez avec moi qu’il est difficile de le prendre au sérieux. D’où l’éveil de la peur. Donald Trump est d’un tempérament primaire. Ce qui fait le plus peur, ce n’est pas ce qu’il dit ou fait, mais plutôt ce qu’il pourrait faire. Car avec lui, il faut s’attendre à tout.

  • Une incompréhension

Comment un homme que tous donnaient perdant a pu réaliser une telle ascension ? Plusieurs raisons peuvent être évoquées. Mais avant, il faut d’abord rappeler que les deux candidats avaient battu des records d’impopularité. A vrai dire, les Américains devaient choisir entre la peste et le choléra. Aucun des deux n’avait vraiment la faveur de l’opinion nationale. Sans être un spécialiste de la politique américaine, je vais évoquer quelques raisons qui ont permis à Trump d’être président.

Loin de seulement faire peur, la personnalité de Trump séduit à certains égards. Contrairement à Hillary, Trump semble plus authentique ; il se présente tel qu’il est et dit tout simplement ce qu’il pense. Il le fait au risque de déplaire. Sa concurrente, quant à elle, a une image trop « propre », à la limite trop artificielle.

Par ailleurs, l’accession du Républicain à la maison blanche montre qu’en réalité l’idée que l’on se faisait des Américains est totalement fausse. Les prises de position de Trump ont touché une grande frange de la population américaine.

Il faut aussi noter que ce vote avait des airs de vote-sanction contre l’administration Obama. Les différentes minorités ont été déçues par la politique d’Obama. Les noirs n’ont pas vraiment bénéficié d’un grand changement. Le taux de chômage est toujours aussi élevé dans leur communauté. Quant aux latino, beaucoup ont aussi voté pour Trump. Hillary qui a travaillé avec l’actuel locataire de la maison blanche faisait figure de continuité de la politique de ce dernier. Alors les déçus de huit années de pouvoir d’Obama ont préféré se tourner vers D. Trump.

  • Et maintenant ?

Les Américains ont élu leur président ; tout le monde est obligé de respecter ce choix. Les réactions très froides et réservées des chefs d’Etat disent à suffisance la difficulté que beaucoup ont à se situer vis-à-vis du nouveau président. Tous se posent la question de savoir quel type de président sera Trump. La sagesse nous invite à observer ses premiers pas. Pour ma part, je pense que la future administration ne se distinguera pas beaucoup des précédentes. Déjà son discours de victoire était plus réfléchi que ses autres prises de paroles. Le populisme paye quand on veut se faire une place au soleil ; mais une fois que c’est fait, on se comporte différemment pour profiter du soleil. La politique américaine est une grosse machine ; une fois qu’on y rentre, c’est le système qui dicte la marche à suivre. Donc ne nous attendons pas à une révolution à la D. Trump. Il n’y aura rien d’extraordinaire. Cela vaut pour la politique intérieure que celle sur l’internationale. Et quand je dis internationale, je pense à l’Afrique. L’équipe sortante, celle d’Obama, nous a appris à ne pas trop rêver quand il y a un changement de locataire à la maison blanche.

La sagesse nous invite à ne pas avoir une opinion trop tranchée quand on n’a pas tous les éléments en main. Alors donnons l’opportunité de nous montrer qui il est vraiment.

 

 

 


Le bon Dieu: la première cause de mortalité

Une fois de plus la France est frappée par un attentat terroriste. Le comble du drame est que cela a lieu un 14 juillet. Ce billet est comme un cri du cœur. Qu’avons-nous fait aux terroristes ? Je le rappelle bien fort, je ne suis pas Français. Toutefois je suis un être humain et je ne peux être indifférent à la souffrance des autres. Certains diront que les morts dans les autres coins du monde font moins de bruit. Je refuse d’entrer dans cette polémique. Ma douleur est d’autant plus grande que ces crimes sont commis au nom de Dieu. Et j’en viens à l’intention de mon article : Dieu est le « plus grand meurtrier » de l’histoire de l’humanité. Trois cas vont illustrer mon affirmation.

Ceux qui commettent des attentats dans le monde le font au nom de Dieu. La sacro-sainte croisade des islamistes d’aujourd’hui n’est qu’une réplique (à petite échelle) des grandes croisades du Moyen-Âge. Il faut tuer le mécréant. Tous ceux qui s’engagent dans ce type de conflits le font au nom d’une interprétation rigoriste de leurs textes sacrés. Celui qui n’interprète pas comme moi les Saintes Écritures est aussi mon ennemi ; c’est un hérétique. Or le plus drôle dans tout cela est que Dieu n’a pas déclaré l’hérétique comme étant son ennemi.

L’expérience montre que les mécréants et les hérétiques sont souvent logés à la même enseigne. Les victimes ne sont pas seulement les fidèles des autres religions ; parfois, et même souvent, les coreligionnaires s’entre-tuent. Pour exemple, il suffit de citer le sac et le pillage de Constantinople par les Croisés « occidentaux » en 1204, le massacre de la Saint-Barthélemy et aujourd’hui les tueries entre Sunnites et Chiites. Ceux qui meurent pour cette cause folle le font au nom de Dieu et affirment que Dieu est le commanditaire des telles atrocités. Ce premier cas est celui des extrémistes (chrétiens ou musulmans).

Le deuxième cas est plus subtil. En effet, Dieu est bel et bien la raison première qui est présentée. Hélas, il n’est qu’un bouc émissaire. Je peux l’affirmer car je vis dans un pays sortant d’une crise « intercommunautaire ». Des nombreux médias, parmi lesquels RFI, ont présenté le conflit centrafricain comme une guerre religieuse. Or ce n’est pas le cas. Si dans l’évolution de la crise, celle-ci a pu prendre un visage interconfessionnel, initialement il n’avait rien à voir avec la religion. C’est l’amour du pouvoir et de l’argent qui a poussé des personnes à prendre les armes en se réfugiant derrière un mobile sacré. Je ne vais pas revenir sur la question centrafricaine. Depuis la nuit des temps, des individus se servent de la religion pour parvenir à leur fin. Officiellement, ils tuent au nom de Dieu et emportent avec eux, dans leur folie, les âmes peu averties. Là encore c’est Dieu qui en paye les frais, car il est perçu comme l’instigateur des massacres.

Enfin il y a ceux que je nomme les vrais martyrs. Evidemment, on peut penser toute de suite aux personnes qui meurent pour leur foi, tels les martyrs chrétiens des premiers siècles. Quant à moi, je pense à ces personnes qui meurent non pas au nom de Dieu, mais pour leurs convictions : l’amour, la vérité et la liberté. La conviction, peut être nourrie par la foi, ce n’est pas exclu. Pour illustrer mon propos, j’aimerai citer les Martyrs de l’Ouganda. Ces jeunes chrétiens (catholiques et anglicans) martyrisaient au nom de leur foi à la fin du XIXème siècle. Ce qui est souvent passé sous silence, c’est que parmi ses martyrs, il y avait des non-chrétiens. Pourquoi sont-ils morts avec ces chrétiens ? C’est par amour de la vérité et de la justice. Ce n’est pas principalement pour leur croyance. Il y a aussi le cas des moines des Tibhirine en Algérie. Ils refusèrent de quitter le village dans lequel leur monastère était établi par fidélité et par amour de leurs frères et sœurs algériens. Quelques mois plus tard, ils connurent la mort. Cependant, ce ne sont pas des martyrs de la foi ; ce sont des témoins de l’amour, même s’il était motivé par leur foi. Enfin il y a le cas de Martin Luther King. Ce pasteur fut assassiné à cause de sa lutte contre l’injustice sociale et non pour sa foi chrétienne. Quand on additionne les martyrs de la foi et ceux qui meurent pour une autre raison (même si elle est portée par la foi), on se retrouve avec une foule immense de personnes mortes pour Dieu.

Luc Ferry, en définissant la religion, est revenu sur la compréhension classique selon laquelle la religion est la distinction entre le sacré et le profane. Toutefois, il apporte une nuance dans la saisie du terme sacré : le sacré n’est pas seulement ce qui est différent du profane, c’est aussi, et même bien plus, cette réalité pour laquelle un homme est capable de donner sa vie (jusqu’à la mort parfois). Nous comprenons donc la raison pour laquelle le nombre des morts au nom de Dieu est si élevé, même s’il n’en est pas responsable.

Chers extrémistes, vous pensez faire des martyrs par vos attentats suicides qui frappent aveuglement. Vous avez raison. Malheureusement, je crois humblement que vous ne regardez pas dans la bonne direction. Les véritables martyrs, ce sont les victimes innocentes de votre violence. Pour preuve, après chaque attentat, celles-ci sont vénérées par le monde entier comme témoins de l’amour contre la barbarie. Vous pensez être crédibles et justes en vous martyrisant, en vous suicidant. Sachez qu’aucune foi, aussi noble soit-elle, ne peut être justifiée (rendue juste) par la mort des innocents et des faibles. En plus votre foi perd en crédibilité chaque fois qu’une mère de famille, un frère, un fils ou une fille meurt à cause de vous. En fin de compte, Dieu n’a rien à voir dans tout ça. Comme tous ces Niçois, il est aussi une victime de cette part décadente de l’humanité.

A tous ceux qui me suivent, je présente mes excuses pour cet article peu formel et ces idées mal agencées. Mon cœur déborde de peine et il me fallait les laisser jaillir.


Le Chili couronné, l’Argentine maudite

Au terme de cette nouvelle compétition continentale, au cours de laquelle, le Chili a de nouveau dominé l’Argentine. Je veux faire écho de certains faits marquants. Pour ce centenario, il est tout à fait possible d’évoquer plusieurs événements frappants. Cependant, quant à moi, je vais retenir trois choses : le Chili, L’Argentine (et Messi bien évidemment) et le Brésil.

Comme en 2015, à Santiago, les hommes de Pizzi sont une nouvelle fois montés sur la plus haute marche du podium au détriment de l’Argentine. Cette nouvelle victoire a des nombreuses similitudes avec celle de l’année dernière : un match fermé, un score vierge à la fin des 120 minutes, une Argentine toujours aussi maladroite aux tirs au but (Messi notamment) et en fin de compte la joie du camp chilien. Les choses auraient pu se passer différemment pour les Chiliens. En effet, la défaite en ouverture de la compétition, contre cette même Argentine, aurait pu les démoraliser. Il n’en fut pas le cas. Juan Antonio Pizzi et ses joueurs ont su trouver les ressources nécessaires pour arriver en finale et la remporter. Et il faut reconnaître que les Chiliens n’ont pas à rougir de leur parcours. C’est une victoire à laquelle la séance des tirs au but n’enlève aucun mérite.

  • L’Argentine maudite, Messi retraité

Le scénario est désormais connu d’avance : l’Argentine perd en finale. Et pourtant, tout semblait sourire à l’Albiceleste : 5 victoires de suite, un nombre de buts marqués élevé, un Messi buteur et passeur. Mais au finale, c’est le même résultat. Que manque-t-il aux coéquipiers de l’homme au cinq ballons d’or ? Avec une pointe d’ironie, je dirai le manque de réussite aux tirs au but. N’étant qu’un amateur de football, je n’ai jamais été confronté au stress de perdre gros en cas de penalty raté. Dès lors, il m’est difficile de vraiment expliquer cet échec argentin. Un nouveau revers qui a eu raison de Messi. Premier tireur à rater son essai (comme l’année dernière), le quintuple ballon d’or a annoncé sans attendre la fin de sa carrière internationale. Messi, c’est l’homme qui, par un splendide coup-franc, est devenu le meilleur buteur de l’histoire de la sélection argentine. Pour beaucoup, ce n’est pas l’Argentine qui a perdu ; cette défaite est plus celle du numéro dix du FC Barcelone. Le reverrons-nous avec le maillot de l’Argentine ? Certains osent l’espérer. Cependant, avec un peu de recul, cette décision est peut-être plus inspirée qu’elle ne le parait. En évoquant Messi, je ne peux m’empêcher de penser à un autre grand nom du football : Paolo Maldini. Comme le natif de Rosario, l’Italien, malgré une carrière glorieuse, n’a rien remporté avec sa sélection nationale. On ne peut pas tout avoir dans la vie.

  • Mais, où est la Seleçao ?

Avant de lire la suite, je vous invite à vous demander quelle est la dernière équipe du Brésil à vous avoir fait rêver. Aussi longtemps que remontent mes souvenirs, le Brésil du mondial 2002 fut la dernière belle équipe du Brésil que j’ai vu. Depuis les choses vont de mal en pire. L’élimination au mondial « brésilien » a révélé au grand jour les limites et les carences de cette équipe. Par delà le résultat, c’est surtout le style et la qualité de jeu qui poussent à tirer la sonnette d’alarme. Le jeu brésilien est devenu monotone et tout aussi ennuyeux que celui des équipes de Ligue 1. Parmi les joueurs brésiliens, seul Neymar émerge tout en gardant un style « brésilien ». Les autres ont perdu de cette magie qui caractérisait le footballeur auriverde. Désormais l’équipe du Brésil ressemble au cadavre du lion. En effet, un lion mort continue d’éveiller la peur. Mais une fois que l’on découvre qu’il est mort et non endormi, la peur de courir le risque de le réveiller disparaît immédiatement.

La beauté d’une compétition réside, en partie, dans les émotions et les souvenirs qu’elle laisse. En attendant la prochaine édition, les images du Centenario vont continuer à occuper nos esprits.

 

 


Éternel étranger

Plusieurs épisodes de ma vie me conduisent à m’interroger sur la condition des sangs mêlés, bien que personnellement je préfère l’expression peu élégante de « personnes aux origines bâtardes ».
Une question, une seule, s’éveille en moi : pourquoi sont-elles souvent perçues comme des étrangers ? Partant de mon expérience, je peux énumérer de nombreuses raisons et certaines peuvent être très surprenantes.
Nous voici donc en 2008, année où je décide de rendre visite à ma mère après une longue période d’éloignement. Ce fut l’occasion de revenir sur ma terre natale.
Hélas les formalités administratives vont, quelque peu, refroidir mes ardeurs. Il me fallait obtenir un visa. Pour la petite histoire, je suis né dans le pays de ma mère, mais j’ai pris la nationalité de mon père. Il va donc de soi qu’en repartant chez ma mère, je devais obtenir un visa. N’empêche que pour moi j’étais perçu comme un étranger, alors que je me sentais chez moi dans ce pays où je suis né et où j’ai grandi.
La deuxième anecdote est beaucoup plus récente et de loin plus douloureuse. En effet, un soir, à Bangui, j’ai été interpellé par des policiers en patrouille. Je leur ai présenté mon permis de conduire mais en voyant lieu de  ma naissance, ils ont très vite conclus que j’étais un étranger (à leur décharge, je n’avais ni ma carte d’identité, ni mon passeport pouvant prouver le contraire). En fin de compte, ils m’ont amendé de 25 000 FCFA. Après une heure de discussion et l’intervention d’une tierce personne, assez haut placé, ils finirent par me laisser partir. Une fois à la maison, j’ai senti monter en moi la douleur d’être considéré comme un étranger chez soi.
Outre ces raisons, d’autres sont beaucoup plus évidentes.
Commençons par la langue qui révèle la capacité d’intégration d’une personne dans un groupe donné. Adopter la langue d’un lieu est un puissant moyen d’être accueilli. L’idéal serait de maîtriser les langues des peuples auxquels le « sang-mêlé » appartient. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas pour tout le monde.
En plus de la possession de la langue, il y  a l’accent. Ah l’accent ! Lors d’un de mes voyages dans un pays d’Europe, les gens étaient surpris que je parle sans accent. Evidemment c’était en comparaison à un autre natif du pays qui avait un accent très prononcé. Par ailleurs, je suis certain qu’ils auraient remarqué mon accent s’ils étaient plus attentionnés. On a beau s’exprimer parfaitement, l’accent nous renvoie toujours à notre mélange ethnique ou raciale. C’est comme un marqueur indélébile, un peu comme votre couleur.
La couleur de la peau ! Jusque-là je n’ai pas fait allusion au métissage. Mais je ne peux le passer sous silence. Pour ma part, une réalité me fait souvent sourire intérieurement : le métisse est considéré comme un blanc parmi les noirs et comme noir parmi les blancs. Il n’est nullement question ici d’un rejet raciste. Cela s’étend aussi aux personnes noires, non métisses, ayant la peau claire. A Bangui, par exemple, les gens se plaisent à les appeler  mundju : le blanc ou la blanche. Cela n’a rien de méchant ; mais on y perçoit tout de même en filigrane le rappel d’être un étranger.
Comment faire pour ne pas se sentir étranger ? J’ai envie de dire que c’est une aporie ; mais ce serait exagéré. Avec le temps, j’ai découvert qu’il y a des moyens nous permettant de diminuer ce sentiment d’être un étranger.
Il y a surêmment des nombreuses voies permettant de favoriser une meilleure immersion dans une société. Quant à moi, je ne propose qu’une seule chose : il ne faut surtout pas se considérer soi-même comme un étranger. Comment aider les autres à m’accepter sans effort de ma part. Il est impossible de faire l’unanimité ; mais je peux diminuer ce sentiment à mon égard. J’ose espérer qu’un jour j’y parviendrai…

 


Des « bleus » impopulaires: entre le marteau et l’enclume

Les attaques récentes (début du mois de juin) contre les casques bleus au Mali m’ont convaincu de faire un partage sur la popularité des soldats de maintien de la paix. Les Nations Unies mènent plusieurs missions en Afrique notamment au Congo (DR), au Mali et en Centrafrique pour ne citer que celles-là. Et pour le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne font pas toujours l’unanimité dans les pays où ils opèrent, et les raisons de leurs défaillances ne manquent pas.

En effet cette réflexion n’est en aucun cas celle d’un spécialiste en la matière, aussi nous allons simplement nous  contenter d’énumérer quelques faits (tel que vécues en Centrafrique en particulier) du désamour entre les casques bleus et les populations qu’ils sécurisent.

« Être pris entre le marteau et l’enclume » est une expression qui correspond bien à la situation des casques bleus. D’un côté, il y a ceux à qui les conflits et les troubles profitent. Bien évidemment ils ne voient pas d’un bon œil la présence de ces soldats qui les empêchent de parvenir à leur fin. Le mécontentement de ces personnes se manifeste le plus souvent par des attentats terroristes visant directement les militaires onusiens (c’est le cas au Mali). A cela nous pouvons ajouter le fait de susciter des foyers de tension pour discréditer les missions des Nations unies et par là mettre à nu leur incapacité à maintenir l’ordre.

Casque bleu 3

De par leur nom, tout porte à croire que les missions de maintien de la paix doivent trouver un accueil favorable auprès des populations civiles. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Par moment, il y a même une véritable haine à l’égard de ses soldats. Qu’est-ce qui leur est reproché ?

Tout d’abord, c’est leur faiblesse dans la protection efficace des civils. Il ne faut pas se faire des illusions. L’absence de violence physique n’est pas synonyme de paix ; il faut bien plus que cela; et s’il est vrai  que  l’instauration de la paix dans un pays dépend de la maturité de sa  population et ,de ce fait, du désir de celle-ci de sortir du conflit, il est également vrai que cette population attend des casques bleus d’être protégée contre les ennemis de la paix. Ce qui n’est pas toujours le cas selon les populations concernées. Nous avons tous en mémoire les massacres à l’Est du Congo-Kinshasa et les cris de cœur de la population face à l’inaction des forces de maintien de la paix(…). En Centrafrique, la population des quartiers environnant le PK 5 en était arrivée à accuser les casques bleus de partialité lors des événements de septembre-octobre 2015. A un certain moment, ils éveillaient même la peur au sein du peuple. Quand les soldats censés vous aider à retrouver la paix et l’ordre éveillent en vous la peur, c’est qu’il y a un véritable problème. Nous pouvons à volonté multiplier les exemples qui ne feront que corroborer le manque de confiance des civils à l’égard de ces militaires. En Centrafrique, leur présence est qualifiée de tourisme militaire. Cela en dit long sur le sentiment d’inefficacité de leur action en Centrafrique.

Un autre aspect que nous pouvons explorer, c’est le sentiment des nationaux d’être envahi par des étrangers. La présence des troupes de l’ONU est souvent perçue comme une occupation militaire antonyme au besoin d’autonomie de tout peuple. Inexorablement, cette invasion est perçue comme un moyen d’enrichissement pour les « envahisseurs ». En d’autres termes, la venue des casques bleus sert les intérêts des personnes autres que les fils du pays. Il est à noter que les soldats du maintien de la paix en mission ont des salaires plus élevés que ce qu’ils gagnent dans leur pays. Ce fait, bien connu de tous, ne fait que renforcer le sentiment pour les natifs du pays d’être sous occupation.

Certains faits (non moins importants) ternissent considérablement l’image des casques bleus. Nous pouvons citer les abus sexuels dont sont accusés des éléments des soldats onusiens. Il va de soi que des tels actes ne peuvent que susciter de la colère au sein de la population.

Face à ces accusions, les responsables onusiens se défendent et de plusieurs manières. Une de leurs lignes de défense, c’est le nombre des effectifs sur le terrain. En Centrafrique, par exemple, où il y a plus de dix mille casques bleus, il est dit que ce nombre est insuffisant pour mener à bien la mission de maintien de la paix. Il en faudrait au moions le double. Cette situation (selon les Nations Unies) procède de deux difficultés principales : celle de trouver des pays acceptant de fournir des hommes et celle de lever les fonds pour soutenir ces missions.

Une autre ligne de défense trouve sa source dans l’intitulé de la mission. Il s’agit d’une mission de maintien de la paix. Cela laisse supposer qu’au préalable il doit avoir une certaine paix pour parvenir à une paix certaine. De façon plus claire, la paix ne dépend pas d’eux, mais du désir et d’une disposition irénique des fils du pays aidé. De lors, il ne faut pas attendre des casques bleus qu’ils réalisent des miracles. Se lancer dans une réflexion dialectique sur les lignes de défense de l’ONU n’est pas dénué d’intérêt, mais cela sera fastidieux et ne répondra pas à l’esprit de mon propos.

Au lieu de s’essouffler dans la défense, les Nations Unies doivent plutôt trouver le moyen de gagner en crédibilité. Comment ? Voter des résolutions qui sont vraiment efficace et pragmatique. Pour illustrer mon propos, je désire prendre pour exemple le caveat. C’est un principe par lequel les casques bleus ne peuvent utiliser leurs armes qu’en cas d’autodéfense. Les pays fournisseurs de troupes peuvent souscrire à ce principe. Et beaucoup de pays ont recours au Caveat. Malheureusement très souvent les troupes de ces nations préfèrent rester inactives quand il s’agit de la protection des civils. Elles ne peuvent réagir que si leur état-major le leur permet. Or nous connaissons tous la lenteur de la bureaucratie onusienne. La protection des civils faisant partie intégrante des attributions  des Nations Unies dans le monde, il faut donc des lois qui donnent plus d’autonomie aux casques bleus.

Outre les résolutions, il est important de vraiment faire un travail de communication. L’une des particularités de l’esprit humain est qu’il se focalise, le plus souvent et fort aisément, sur la moitié vide du verre plutôt que de voir l’autre moitié remplie. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Il serait exagérer de soutenir que les actions menées par les casques bleus sont totalement inefficaces. Il y a certains résultats notables à signaler. En Centrafrique, par exemple, les véhicules prenant l’axe Bangui-Douala étaient escortés par les casques bleus pendant plusieurs mois. Même s’il faut reconnaître que l’efficacité de cet accompagnement variait d’un contingent à l’autre. Bien souvent les situations de conflit sont fort complexes ; et toute réflexion dans l’absolu peut nuire à la lucidité. Ainsi pour éviter cette tentation, il faut que la population soit tenue informé de la mission des casques bleus et des difficultés réelles qu’ils rencontrent.

Notre conclusion se fera en une seule phrase : les temps changent et les Nations Unies doivent impérativement s’adapter.